Re: [-empyre-] Baudrillard's é noncé...
Cher Nicholas et amis,
Quant à ma participation, je voudrais juste dire que j'ai accepté
l'invitation de Nicholas et de Christina car j'en étais honorée.
Il reste que je puisse faire l'objet de craintes parmi les Empyreans, à
cause de ma langue et de ma pensée diverse sans référence universitaire,
hermétique ou mal exprimée, etc.
Il reste encore que je ne sois pas présente ici en tant qu'idéologue de Jean
Baudrillard, loin de moi cette idée qui l'accablerait, ni encore moins en
tant qu'expert de ses travaux et de sa pensée ; car nous savons tous comme
c'est bien à travers la langue anglophone qu'il a été le mieux discuté et
compris, et comme l'international l'a porté à son incontestable importance,
pas la langue française qui une fois les éclats de l'après 1968 passés dans
les salles du palais, est retournée comme toujours à bouder les siens :
J'ai découvert et connu Jean Baudrillard dans l'activisme par l'activisme et
comme activiste, à travers mon proche compagnon et ses amis d'Utopie...
Quand je suis allée mettre ma caméra vidéo à la disposition des jeunes
délinquants tout juste sortis de la prison de Fresnes : c'était bien lui,
qui m'avait envoyée sur ce coup là, très difficile (où se trouvaient
plusieurs de ses camarades Nanterrois qui ne s'en sortaient pas si bien que
ça;-) Et j'en ai tiré du plaisir et de la joie -- je pense que les mauvais
garçons aussi : il y eut beaucoup de tristesse à nous quitter...
Je me souviens encore des soirées chez lui, plus tard, quoique toujours
radicales et intimes au temps, et à la marge, de la première revue
"Traverses" du CNAC Pompidou, où il m'avait fait produire une image, et
surtout une phrase terrible pour accompagner cette image... Ces soirées de
bonheur passées chez lui avec Virilio, ou Fabbri ; et nous n'étions que des
chenilles à côté d'eux, des géants, mais tous à la même enseigne énergique
et décapante de se retrouver ardemment critiques, avec le même tour de
parole, sans subir la moindre domination de leur part : tous égaux dans
l'invitation à exercer l'insolence, l'insoumission, et notre intelligence
respective, l'intuition des choses prédictibles, autour du vin des Corbières
-- et, comme dit le journaliste Maggiori dans Libération : portant un toast
à l'omelette aux cèpes !
Je ne suis ici qu'à titre sensible - même si cela ne m'interdit pas de
penser à ma guise et de le dire. Jean disait : "Aliette ne sait pas ce
qu'elle dit -- mais elle le dit. Et tant pis pour celui qui n'y prend
garde !"... La cruauté respective exprime tant d'amour sans concession
échangé, entre tous ces amis sans compromis, en demeure de s'éprouver sans
faillir. La contre partie : toujours le dépassement, la générosité, la
fidélité, la loyauté en amitié, indefectibles...
Nous échangions des livres, aussi, des livres qui jamais n'étaient rien, et
son plaisir était de se saisir des ouvrages in cuarto ou in octavo que je
lui montrais, avant que je ne les ait moi-même découpés ! La dernière fois,
c'était "Le malheur au Lido" de Louis-René Desforêts, aux éditions Fata
Morgana, au début de l'année 2000... Je lui ai dit plus tard, "au fait,
Jean, ce livre tu ne me l'as pas encore rendu !" Et il m'a répondu : "Non !
Celui-ci je le garde. Tu ne le reverras pas."
C'est vrai, encore au mois d'octobre dernier, nous avons réussi à le
surprendre avec notre version française imprimée du livre de Ken, qui l'a
fait retourner au texte en anglais ; parce que si nous avions tant tardé,
c'était à cause de sa réaction à la première traduction, l'automne 2004, qui
en était arrivée à lui porter ombrage de la version anglophone orginale...
Ainsi, à cause de lui -- ce qui devient toujours avec lui : "grâce à" lui --
nous avons tout refait:)
Mais quel travail il nous a donné, sans même nous l'avoir demandé !
C'est que Jean Baudrillard, toujours il a fallu le séduire, pour notre mieux
et celui de nos partenaires...
Il n'y avait pas d'autre façon de lui faire comprendre que nous l'aimions,
que de s'élever à travers le désir de le convaincre, de chercher sa
connivence, pour entrer en harmonie avec lui.
Un énorme effort à exister hors de soi... Voilà ce qu'il nous apporte.
J'espère que cela est bien clair pour chacun, sinon je regretterais
d'avoir dit oui;-)
Je trouve les propositions des modérateurs très intéressantes, et c'est bien
vrai que Kroker parle de quelque chose de déterminant chez Baudrillard,
l'immanence de l'être par quoi ayant accompli ce cycle comme un art martial,
sans doute est-il parti ainsi, en restant avec nous par la beauté de sa
pensée... Il s'est élevé et nous élève avec lui. Ce texte est très beau et
très émouvant.
Mais si vous pouvez compter sur moi pour intervenir de façon désordonnée, ou
parfois révoltée, ce ne sera que parfois et sans impportance, car je pense
que Nicholas et Ken, comme Christina, savent mieux ce qui intéresse le débat
ici, pour les autres.
Aliette
On 9/03/07 14:13, "Nicholas Ruiz III" <editor@intertheory.org> probably
wrote:
> Greetings Empyre,
>
> With utmost respect to the recent event of Jean
> Baudrillard's death, we consider the futures of
> thought. This idea he addressed in one of his last
> and recent essays:
>
> "The whole problem is one of abandoning a style of
> critical thought that is the very essence of our
> theoretical culture, but that in some sense comes
> under the head of a prior history and life; of
> carrying out, just as we have carried out a
> deterministic analysis of a deterministic society, an
> indeterministic analysis of an indeterministic
> society, a society that is fractal, random,
> exponential, one of critical mass and extreme
> phenomena, wholly dominated by relations of
> uncertainty."
>
> We consider factions of thought, and refractions of
> perspective, never to be seduced by the solicitous
> rationalizations of the real.
>
> NRIII
>
>
>
> Dr. Nicholas Ruiz III
> Editor, Kritikos
> http://intertheory.org
> _______________________________________________
> empyre forum
> empyre@lists.cofa.unsw.edu.au
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